La psychologie des plongeurs est parfois trouble.

Psychologie des plongeurs en questionnement

« Les plongeurs sont dangereux !
Tu comprends, la psychologie du plongeur est trop nébuleuse pour que je leur fasse confiance. »

C’est dans ces termes que me parlait Hervé, un spécialiste de la plongée profonde, alors que nous évoquions certaines pratiques discutables à nos yeux.

Évidemment, j’ai eu envie de réfléchir plus profondément à la psychologie des plongeurs. Mais aussi de voir s’ils ont vraiment une psychologie frôlant les limites de l’équilibre (ou du déséquilibre).

Parce que, tout comme vous j’imagine, j’ai déjà pu observer des tas de comportements dangereux, de raisonnements « suspects » et de manières de faire complètement « borderline » chez les plongeurs et plongeuses.

Et je me rappelais aussi les réactions vives qu’avait suscité l’article sur Lucas qui avait décidé de plonger sans ordinateur.

Alors c’est vrai que la réflexion d’Hervé me parlait tout de même fortement.

Quelques mots sur la particularité de l’activité

La plongée sous-marine est en soi une aventure qui sollicite autant le corps que l’esprit. 

Activité réputée extrême, elle incarne une quête d’exploration et d’auto-dépassement. De l’euphorie de découvrir les fonds à l’anxiété face à l’isolement et au danger, toute la palette des émotions est présente. 

Et au sein de la communauté, les réactions face à l’immersion sont parfois étonnantes et fort différentes.

Certains cherchent l’adrénaline, défiant leurs limites, tels des Indiana Jones des mers. Alors que d’autres y trouvent une paix intérieure, une évasion du quotidien en pratiquant une sorte de yoga des mers des plus satisfaisant. 

Du côté des encadrants, si une partie est sans cesse dans une démarche de reconnaissance de soi, une autre fera clairement preuve d’altruisme.

Profil psychologique des plongeurs 

Existe-t-il un profil type de plongeurs ? 

Évidemment, si vous avez lu l’article sur les 20 profils de plongeurs incontournables ou celui sur les profils les plus agaçants selon les pros, vous seriez tenté de dire qu’il existe un profil type de plongeur. 

Dans les faits, c’est moins simple. 

En effet, en tant que plongeur, nous partageons certainement certains traits de personnalité distinctifs, tels que la recherche de sensations et de défis, l’amour des animaux marins, une certaine tolérance au stress, et parfois même un sentiment d’invincibilité. 

Ces caractéristiques dosées différemment chez chacun influencent l’approche de la plongée et le comportement sous l’eau. 

Relaxation et bien-être

Situé dans ce pôle, adepte de relaxation et d’évasion du quotidien, notre tolérance au stress n’est pas tant une question de défi que de capacité à trouver la paix dans le silence et l’isolation du monde sous-marin. 

Notre motivation derrière la plongée varie donc significativement, allant de l’envie d’aventure à la recherche d’un espace pour la contemplation et la détente.

Défis et aventures

Si au contraire, nous sommes amateur de sensations fortes, nous serons souvent attiré par l’aspect aventureux de la plongée. Peut-être même recherchons-nous l’excitation dans l’exploration de l’inconnu et la confrontation avec les défis physiques et mentaux des profondeurs marines. 

Cette quête peut parfois être teintée d’un sentiment d’invincibilité nous poussant à prendre des risques pour tester nos limites.

L’invincibilité des plongeurs

Mais pourquoi certains plongeurs adoptent des attitudes risquées alors que d’autres privilégient la relaxation ? À partir de quand le plongeur va systématiquement se frotter aux limites ? Et pourquoi ?

Ce sont des questions que l’on peut se poser. Parce que si certains sont prêts à mourir en plongée, pour ma part, la plongée reste avant tout une activité de plaisir.

En regardant la psychologie des plongeurs, je remarque que certains flirtent tout le temps avec les risques (La plongée moi ? Même pas peur !). Ils ressentent un sentiment d’invincibilité qui les pousse à explorer les fonds au-delà des limites recommandées. 

Qu’il soit le résultat de leurs expériences, la confiance en leurs compétences ou une série de plongées réussies sans incident, ce sentiment d’invincibilité prend de la place, trop de place. Mais il n’est pas sans risque. 

Dès lors, le défi et l’adrénaline deviennent des moteurs principaux des immersions.

Cette attitude augmente évidemment le danger d’accidents sous-marins en encourageant des comportements risqués, tels que plonger à des profondeurs excessives sans formation. Ne pas reconnaître les signes évidents de la narcose (ou ne pas y prêter attention). Négliger les paliers de décompression. S’aventurer dans des zones périlleuses sans préparation adéquate.

L’impact s’étend parfois au-delà d’eux-mêmes, mettant en péril la sécurité de la palanquée. Reconnaître et contrôler ce sentiment d’invincibilité est essentiel pour maintenir une pratique de la plongée sûre et responsable.

Lire aussi | Plongée : Voilà Pourquoi Vous Êtes Dans Le Déni

D’où viennent les comportement dangereux en plongée ?

Les comportements dangereux sous l’eau ont diverses origines, souvent liées à la psychologie, à l’expérience des plongeurs et à leur sentiment d’invincibilité. Voici un aperçu condensé de 5 raisons courantes :

  1. La recherche d’adrénaline : Certains plongeurs cherchent à repousser leurs limites pour l’excitation, menant à des décisions imprudentes comme ignorer les limites de profondeur.
  2. Formation insuffisante : Un apprentissage incomplet sur les techniques et risques spécifiques peut inciter à sous-estimer les dangers et faire des choix hasardeux.
  3. Pression sociale : Le désir d’impressionner ou de gagner le respect au sein d’un groupe pousse parfois à adopter des comportements risqués, comme plonger dans des zones périlleuses sans préparation adéquate.
  4. Sous-estimation des risques : L’excès de confiance, après plusieurs plongées réussies, peut amener à négliger les protocoles de sécurité, augmentant le risque d’accidents.
  5. Ivresse des profondeurs : À grandes profondeurs, l’effet narcotique de l’azote peut altérer le jugement, conduisant à des décisions dangereuses sous l’effet de l’euphorie.

L’avis des médecins hyperbares

Lors d’un colloque de médecine hyperbare, j’écoutaient avec attention des spécialistes qui relevaient ce phénomène en pointant les comportements inadéquats et dangereux de certains plongeurs.

En effet, alors qu’ils avaient déjà eu des accidents de plongée, ces pratiquants revenaient plusieurs fois au caisson.

Force était de constater que non seulement ils ne respectaient absolument pas les recommandations des médecins hyperbares pour augmenter leur sécurité, mais qu’en plus, ils allaient même dans un sens inverse. De quoi m’interpeller. 

>>> Lire l’article sur la prise en charge des plongeurs accidentés (médecine hyperbare)

Et les réseaux sociaux dans tout ça ?

L’impact des réseaux sociaux sur les comportements dangereux des plongeurs est indéniable.

En effet, impossible de nier que ces plateformes, tout en permettant le partage d’expériences sous-marines, encouragent parfois la prise de risques. Par exemple pour obtenir des images spectaculaires ou des « likes ». 

La quête de reconnaissance, la compétition entre pairs, et la glorification de pratiques extrêmes sans contexte de sécurité peuvent fausser la perception des risques. 

De plus, la facilité apparente des plongées difficiles, mise en avant par des photos et vidéos soigneusement éditées, sous-estime peut-être aussi les dangers réels. 

Je n’ignore pas que cette pression sociale virtuelle pousse certains à plonger au-delà de leurs limites sans la préparation nécessaire. 

Pour maintenir la sécurité dans la communauté des plongeurs, il est intéressant selon moi de promouvoir aussi des plongées valorisant les pratiques sûres et soulignant l’importance de l’expérience et de la formation.
Cela en mettant en avant d’autres expériences accessibles et fascinantes.

C4est sans aucun doute une des raisons qui m’a fait accepter d’être amabassadrice pour DAN, le plus grand organisme de recherches et d’assurances pour les plongeurs.

Défis psychologiques des plongeurs 

Les défis psychologiques de la plongée sont multiples et varient en fonction des plongeurs et de l’environnement. 

Parmi eux, certains sont plus fréquents que d’autres.  

C’est le cas de la sensation d’être enfermé sous l’eau, dans des espaces confinés ou des épaves, qui peut déclencher la claustrophobie

À l’opposé, l’immensité de l’océan et l’absence de repères visuels peuvent provoquer une sensation d’agoraphobie, où l’espace ouvert devient oppressant. C’est le cas particulier dans la peur du bleu par exemple. 

La gestion de l’angoisse est un autre défi psychologique, surtout dans des situations stressantes ou d’urgence.

Enfin, la peur de l’inconnu ajoute une dimension supplémentaire aux défis psychologiques. L’incertitude de ce qui se cache dans les profondeurs peut susciter une anxiété.  

Tout comme l’interaction soudaine avec des créatures marines, qu’elles soient perçues comme menaçantes ou simplement inattendues. Par exemple pour les personnes qui auraient peur des requins ou qui sont effrayées par les murènes… 

Pourquoi la psychologie est centrale en plongée ?

La psychologie joue un rôle déterminant dans la plongée sous-marine. J’imagine que vous savez cela.

En effet, durant l’activité, la bonne santé mentale et la préparation psychologique ne sont pas seulement des atouts, mais des nécessités. (Et avec certains binômes, avouons que ça manque cruellement 😳)

Sous l’eau, l’esprit est soumis à un environnement radicalement différent de celui de la surface. 

Dans le bleu, la perception du temps, de l’espace et du soi peut être profondément altérée. 

Or, la capacité à rester calme, concentré et rationnel est essentielle pour assurer à la fois la sécurité et le plaisir de l’expérience.
Aussi, la gestion du stress, de la peur et de la panique est au cœur de la plongée sécuritaire.

Si l’on sait que l’angoisse en plongée est une ennemie silencieuse, le stress peut survenir pour diverses raisons. Cela peut venir de la difficulté à équilibrer la pression dans ses oreilles, la perte de sa palanquée, une panne d’air (non je sais ça ne doit plus arriver en 2024 !)… 

Lire aussi | Comment la plongée fait naître l’amitié ?

Se préparer et autres idées

Une préparation psychologique adéquate vous aide à anticiper ces situations. 

Mais aussi à reconnaître les premiers signes de stress et à appliquer des techniques de gestion efficaces, telles que la respiration contrôlée, la visualisation positive et la focalisation sur des tâches précises.

La peur et la panique sous l’eau, si elles ne sont pas correctement gérées, peuvent mener à des décisions précipitées et dangereuses. L’une d’elles, redoutable étant la surpression pulmonaire

Une bonne préparation psychologique enseigne aux plongeurs à identifier et à contrôler leurs peurs, en s’appuyant sur la formation. Mais aussi sur l’expérience et la confiance en soi et en leur équipement. 

Cela inclut également l’importance de pratiquer régulièrement des scénarios d’urgence dans un cadre contrôlé pour renforcer la capacité à réagir calmement et efficacement dans des situations réelles. 

Conseil : Ne restez pas sur vos acquis et continuez à vous former et vous recycler. 

Mais également, à mon sens, à autonomiser les plongeurs dès le tout début de leur parcours (rappelons-nous l’article qui posait la question de savoir si les plongeurs étaient des demeurés infantilisés )

Résilience et bien-être psychologique en plongée

Évidemment, la résilience (capacité à surmonter et s’adapter aux difficultés) est importante en plongée. 

Des techniques mentales incluant la préparation mentale, la visualisation positive et la pratique de la pleine conscience peuvent permettre de gérer le stress. Mais aussi d’anticiper les situations difficiles et de maintenir le calme nécessaire.

L’apprentissage continu et l’adaptation aux expériences passées renforcent également cette résilience. Car il aide à surmonter les peurs et à améliorer les compétences.

Mais savez-vous que la plongée offre par ailleurs d’importants bénéfices pour la santé mentale ?

En effet, l’immersion dans un environnement calme et captivant peut significativement réduire le stress et l’anxiété. Et même favoriser un état de relaxation profonde.

De plus, les réussites dans les parcours de plongée peuvent procurer un sentiment d’accomplissement et d’auto-efficacité. C’est tout bénéfice pour l’estime de soi et le bien-être psychologique. 

Notons également que certains ont étudié et compris les avantages d’une plongée réparatrice. C’est le cas notamment de la méthode développée par Bathysmed.

Lire aussi | Comment la plongée améliore votre santé (sans même vous en rendre compte)

Histoires de plongée

Alex est un plongeur expérimenté. Lors d’un voyage en Indonésie, il s’est retrouvé face à un fort courant sous-marin. 

Grâce à sa pratique régulière de visualisation et de techniques de respiration, Alex a pu garder son calme. Mais aussi gérer efficacement sa consommation de gaz et naviguer en sécurité vers un point de sortie. 

De son côté, Marie, une plongeuse débutante, décrit comment la plongée a transformé sa relation avec le stress et l’anxiété. 

La nécessité de se concentrer sur sa respiration et son environnement immédiat l’a aidée à développer une présence d’esprit et une sérénité applicables dans sa vie quotidienne.  

Ces exemples montrent comment la plongée, avec une préparation adéquate, peut contribuer à une meilleure gestion du stress. Mais aussi à une amélioration globale du bien-être mental. En plongée bien sûr, mais en surface aussi.

10 idées pour la préparation mentale des plongeurs 

Pour optimiser performance et sécurité, vous pouvez recourir à diverses techniques de préparation mentale. 

  1. Entraînement mental
  2. Visualisation
  3. Exercices de respiration
  4. Cohérence cardiaque
  5. Méditation
  6. Exercices de relaxation. 
  7. Préparation à la gestion d’urgence au travers de la formation
  8. Échanges ouverts et bienveillants avec vos binômes 
  9. Briefing clair, court et maîtrisé
  10. Débriefing réflexif

Conclusion

La psychologie du plongeur joue un rôle important dans le bon déroulement de la plongée. 

Elle influence à la fois la sécurité et l’expérience sous-marine. 

S’il est vrai que parfois, certains plongeurs n’ont pas leur neurone de garde allumé, la plupart des personnes qui pratiquent la plongée veulent au moins en ressentir les bienfaits. Pour cela, elles mettent en place plus ou moins de stratégies pour faire de leurs immersions des moments de plaisir en toute sécurité.

La capacité à gérer le stress et l’angoisse, et à maintenir une attitude positive face à l’inconnu est essentielle en plongée et bienvenue de manière générale dans la vie. 

De plus, l’impact bénéfique de la préparation mentale, de la résilience, et des techniques de relaxation se remarque sur les plongeurs. 

Alors, oui, Hervé n’a pas vraiment tort. La psychologie des plongeurs est particulière et parfois vraiment limite.

Mais heureusement, ils ne sont pas tous dangereux. Au contraire, il existe de très nombreuses personnes qui pratiquent la plongée avec bon sens, intelligence et zénitude. 

Comment percevez-vous la psychologie des plongeurs ? 

Dites-moi ça en commentaire ici

Et surtout… n’oubliez pas d’être heureux/heureuse 😊

Hélène