Le déni d'accident en plognée peut arriver à n'importe quel plongeur

Le déni en plongée

Le déni d’accident de plongée, vous ? Pas possible ! N’est-ce pas…

Imaginez : vous ressortez d’une plongée et vous vous sentez un peu bizarre, un peu fatigué. Peut-être même vous avez un peu mal au dos. 

Pourtant, vous vous dites : « j’ai trop bossé hier » ou encore « j’ai dû faire un faux mouvement »… Des tas de raisons apparaissent dans votre esprit pour vous persuader que la situation est normale. Et qu’il ne faut pas s’inquiéter.

Alors que chaque élément « anormal » à la sortie d’une plongée devrait d’emblée vous alerter.

Vous croyez que j’exagère ?

Lisez la suite et faites-vous VOTRE idée sur la question

Le Déni en plongée : trois histoires simples… comme il en arrive tous les jours

Mathilde : le déni de plongée d’une initiée

Mathilde est une plongeuse expérimentée et sure d’elle-même. 

Ce jour-là, elle vient de valider une nouvelle formation TEK et en profite pour fêter cela par une plongée sympa entre potes. Pas trop profond (pour elle) : une cinquantaine de mètres. Tout se passe bien, les paliers sont respectés. 

À la sortie, comme il fait froid, elle ne traîne pas. Sur la route, elle se sent un peu nauséeuse. Elle se dit que son hamburger de midi n’est pas trop bien passé. 

Arrivée chez elle quelques dizaines de minutes plus tard, elle ressent une très grande fatigue. Une fois n’est pas coutume, elle qui est toujours bien organisée décide pourtant de laisser son matériel dans son véhicule et fonce s’allonger. C’est à cause du froid tout ça pense-t-elle.

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Il est vrai que dehors, les températures sont un peu fraîches. Elle s’emmitoufle dans un plaid.

Finalement, c’est son compagnon non plongeur qui va l’alerter.
« Moi un accident de plongée ? » lui rit-elle au nez, « certainement pas ! » 

Pourtant, il insiste et lui dit qu’elle n’est pas dans son état normal. Lui le voit, elle manifestement pas. 

Il la presse alors d’appeler les secours. Pour le rassurer, elle accepte et décrit la situation au médecin en ligne. Trois heures après la sortie de l’eau, Mathilde est prise en charge. Des douleurs sont apparues dans ses jambes. Elle fera plusieurs séances de caisson.

Heureusement pour elle, malgré son déni d’accident de plongée, elle s’en sort sans séquelles. 

Le tour de rein imaginaire

Pour ses vacances, Lucas plonge en autonomie dans les mers chaudes avec son voilier. 

Tandis que sa femme fait la sieste ce jour-là, il en profite pour aller faire une plongée. Lucas sort l’annexe et se rend à 5 minutes de navigation.

Plonger solo ? Il en l’habitude, les qualifications et l’expérience. 

Il décide de faire une plongée carrée à -40m maximum, sans paliers obligatoires.
Comme il est prudent, il fait aussi son palier de sécurité

Arrivé en surface, il se décapelle et pousse d’un geste vif son bloc par-dessus le bord de son petit zodiac. Une douleur vive lui brûle alors le bas du dos. 

« Merde » se dit-il « je me suis fait un tour de rein ».

Il se hisse difficilement sur le bateau et reste vautré dedans un moment pour « récupérer ».

Mais il fait chaud et il a soif. Lucas se presse alors vers son voilier où sa femme est à présent éveillée. 
Il la houspille pour qu’elle vienne l’aider, lui habituellement si calme. 

Une fois le matériel sorti de l’annexe et celle-ci arrimée, il va s’allonger. Cela, après avoir pris du paracétamol. Il ne se rend compte de rien. Le déni d’accident de plongée est là, sournois. Ce n’est que plusieurs heures plus tard, alors que le médicament n’a eu aucun effet et qu’il se sent de plus en plus mal, que Lucas se dira « et si c’était la plongée ? »

Il appellera alors les secours, se mettra sous oxygène et sera pris en charge quelque 30 minutes plus tard.

L’histoire de Lucas me rappelle la suite d’erreurs à ne pas faire qu’il m’est arrivée.

Pas de chance pour Lucas, les séquelles seront là, à vie (perte d’équilibre, difficultés motrices…). Il ne plongera plus jamais.

Victime d’un moniteur de plongée ? 

Gérald est en vacances. N2, il plonge ce jour-là sur un site assez loin des côtes avec un club qu’il ne connaît pas (c’est souvent comme ça en vacances). 

La plongée à -40m se passe bien. Après une heure d’intervalle, la deuxième moins profonde est tout aussi magique. 

Une fois remonté sur le bateau, Gérald se sent mal et avertit immédiatement le moniteur. Il dit qu’il se sent oppressé. Alors, le moniteur lui propose d’enlever sa combinaison de plongée

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Le torse de Gérald est couvert de bleus, comme des hématomes. Il s’en inquiète. Mais le moniteur se veut rassurant : c’est ta combinaison qui était trop serrée. 

Gérald s’assoit sur un des bancs. Il sent ses jambes qui tremblent et le signale, mais personne n’a l’air inquiet.
Alors il se dit qu’il se fait peut-être juste du mauvais sang pour rien. 

Il ne se rend pas compte que le moniteur est en plein déni d’accident de plongée.

Arrivés au port, il faut aider à décharger le matériel. Gérald peine pour porter sa bouteille et le reste. 

Il se sent un peu honteux d’être stressé alors que tout le monde à l’air de trouver que tout va bien et qu’il a tort de s’inquiéter. Mais il pressent que tout ça n’est pas normal. Aussi, il attend d’être chez lui et téléphone aux secours.

Malgré les multiples séances en caisson hyperbare, les séquelles seront lourdes. 

Aujourd’hui (et même s’il a été indemnisé par l’assurance du club), Gérald ne se déplace plus qu’avec une canne. Il a 35 ans. 

Bien trop d’histoires

Des histoires comme celles de Mathilde, Lucas et Gérald, il y en a de très (trop) nombreuses. La plupart du temps, les responsables de structures ou de sorties sont vraiment très vigilants et réagissent de manière adéquate. Parfois pas. 

Dès lors, n’hésitez pas à reprendre votre responsabilité dans vos ressentis. Il s’agit de votre santé. 

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Qu’est-ce que le déni d’accident de plongée ? 

En règle générale, le déni est une attitude inconsciente individuelle qui consiste à refuser tout ou partie d’une réalité vécue comme inacceptable. Il s’agit donc d’un mécanisme de défense de soi dans lequel une perception ressentie comme « traumatisante » ou « menaçante » sera niée. 

Ce qu’il faut retenir c’est que la personne ne s’en rend pas compte

En plongée, les conséquences peuvent être dramatiques et mener à des dommages irréversibles. Aussi, il faut être particulièrement attentif !

Qu’est-ce qui se passe quand une personne est dans un déni d’accident de plongée ? 

Alors que des signes évidents (ou moins) sont présents, le plongeur ou les personnes qui l’accompagnent refusent d’accepter la réalité de la situation.

Le déni d’accident en plongée sous-marine peut prendre plusieurs formes :

  • Refuser de signaler un problème à son binôme ou à l’équipe de plongée. Ici le plongeur à l’impression que « ça n’a rien à voir avec la plongée », « ça ne mérite pas d’alerter les autres »…
  • Minimiser la gravité de la situation « ce n’est rien », « ça va passer »…
  • Prendre des risques inutiles pour poursuivre la plongée ou l’après-plongée malgré des signes de danger.

Dans de nombreux cas, la personne ne va pas vouloir reconnaître l’accident.
Elle va avoir l’impression « d’en faire des tonnes pour rien » et pourra même aussi se sentir gênée de ses ressentis ou sensations. 

Évidemment, il est important pour les plongeurs de reconnaître que le déni d’accident peut arriver à n’importe qui, même aux plus expérimentés. Peut-être même plus à ces derniers ?

Que faire pour éviter les conséquences du déni d’accident de plongée ?

La règle numéro 1 en plongée concernant la prévention des accidents de plongée est de considérer toute anomalie vécue par un des membres de la palanquée comme un signe d’un possible accident de plongée.

Par défaut, vous devez vous habituer à penser « accident » et déclencher la chaîne des secours

Mieux vaut un appel pour rien qu’un appel de moins !

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Comportements entre binômes

Soyez attentif les uns envers les autres.

Toute anomalie de comportements doit vous alerter :

  • Une personne soudainement fatiguée
  • Des marques sur le corps
  • Une envie de vomir (je sais ce n’est pas toujours facile avec le mal de mer)
  • Des douleurs qui apparaissent et qui n’étaient pas présentes avant la plongée (ou pas avec cette intensité)

Même si les protocoles de sécurité ont été suivis, il convient d’être honnête avec soi-même et avec les autres membres de l’équipe de plongée en cas de problème.

En cas de doute, même minime, faites appel aux secours.
La personne en ligne pourra évaluer correctement et avec détachement la situation. 

Ne soyez pas désolé de « gâcher » la plongée des autres. Ne craignez pas de « déranger ». Si vous êtes moniteur responsable de la sortie, ne pensez pas que l’on dira que vous avez fait quelque chose de mal. Au contraire, montrez-vous efficace, et inscrivez-vous dans une démarche de prévention

Votre santé et celle de vos binômes doivent être votre priorité.

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Pourquoi il est important de le repérer rapidement ?

En cas d’accident de plongée, il est important d’agir rapidement et de suivre les protocoles de sécurité établis. Cela, pour minimiser les risques pour tous les membres de la palanquée. 

Plus le déni d’accident persiste, plus les risques augmentent de garder des séquelles, voire de mourir.

En cas d’accident en plongée sous-marine, la prise en charge doit être immédiate pour minimiser les risques et les conséquences potentielles pour le plongeur. La rapidité de la prise en charge va avoir un impact significatif sur les chances de survie et sur la récupération.

Gardez à l’esprit qu’un accident de plongée nécessite une intervention médicale d’urgence.

Comment réagir ?

Il convient de contacter immédiatement les services d’urgence et de suivre les procédures de secours et de premiers soins appropriées en attendant l’arrivée des professionnels de la santé.

Et si la personne reste dans son déni ? 

C’est peut-être le plus compliqué. 

Comme le plongeur ne reconnaît pas le problème, il ne va pas vouloir agir ni vous laisser agir. Prendre une décision contre l’avis de son binôme n’est pas facile. 

Afin de rester dans une attitude bienveillante et amicale tout en maximalisant la prévention , vous pouvez lui dire ceci :  « j’entends bien que tu me dis que ça va. Mais je suis inquiet. Aussi, j’ai besoin d’avoir l’avis d’un spécialiste. Je vais donc appeler pour me rassurer moi-même. »

Si c’est le moniteur responsable de la sortie qui est dans le déni et minimise votre ressenti, demandez de prendre de l’oxygène immédiatement pour « vous rassurer » et exigez de pouvoir parler à un médecin (par radio si vous êtes en mer). Si vous avez votre portable, appelez les secours pour avoir leur avis même si le moniteur vous dit que ce n’est pas grave.

Pourquoi peut-on avoir un déni d’accident en plongée ? 

L’accident de plongée fait peur et peut faire venir à l’esprit de la personne des scénarios catastrophes qu’elle ne peut pas nécessairement gérer d’un point de vue psychologique. 

Cela peut aussi être dû au fait qu’avoir un accident reviendrait pour le plongeur a un constat « d’incapacité à bien plonger ». Ce qui est évidemment totalement faux vu que personne n’est à l’abri d’un accident de plongée. 

Aussi, il va minimiser ses ressentis. Ou trouver des tas de bonnes raisons (souvent mauvaises en vrai) pour expliquer ce qui lui arrive.

Le déni d’accident de plongée peut aussi survenir parce que malgré ce que l’on exprime ou ressent, on voit que les autres autour ne s’inquiètent pas. Alors on se dit que ça ne doit pas être grave.

Avant de partir…

Le déni d’accident en plongée ne se voit pas, il se détecte. Vous pouvez un jour en être victime, ou une personne de votre palanquée. Personne n’est à l’abri. 

La meilleure des préventions est très certainement la bienveillance qui autorise la parole libre. Mais aussi l’attention envers soi-même et envers ses binômes. Ne soyez pas dans le déni… du déni !

Cela pour plonger longtemps ensemble et en toute sécurité. 

Quelles sont vos expériences en termes de déni d’accident de plongée ? Pensez-vous que vous pouvez y échapper ou le détecter chez vos binômes ? 

Dites-moi cela en commentaire

Et surtout… n’oubliez pas d’être heureux/heureuse 🤗

Hélène