Remettre en question la formation… des autres !
Remettre en question la formation
Il est toujours assez simple de mettre en valeur nos acquis et compétences et de penser que les formations des autres sont « moins bonnes ». C’est d’ailleurs ce qui anime régulièrement le débat totalement stérile « PADI pas PADI« .
Mais en réalité, qui est-on pour remettre en question la formation de plongée de quelqu’un d’autre ?
C’est la question que je me suis posée ce jour-là… et bien d’autres.
Eric
Éric fait partie d’un club francophone associatif depuis plusieurs années.
Il y a bénéficié d’un parcours de formation basé sur des enseignements « traditionnels » et ne doute pas de la qualité de ceux-ci. Il a été averti de tous les dangers de la plongée sous-marine et a passé de (très) longues heures à apprendre à réagir aux problèmes de toutes natures. (Mais peut-être pas assez à les anticiper, NDLR).
Avec près de 150 plongées au compteur (étalées sur huit ans), Éric a un niveau 2*. Il a voulu prendre son temps, car pour lui, rien ne sert de vouloir à tout prix passer des brevets. Il se satisfait de plonger dans l’espace de 0 à -20m et de 0 à -40m lorsqu’il est encadré.
Durant ses vacances, il y a quelques années, il se retrouve dans une palanquée autonome de deux personnes.
Lui et Corentin, un binôme du même âge que lui ayant débuté l’activité l’année précédente. C’est là qu’il va remettre en question la formation de l’autre en face de lui.
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Corentin
Corentin est plongeur advanced, autonome jusque -30m. Il a commencé la plongée l’année précédente et passé son premier niveau d’autonomie. Un mois plus tôt, il vient de réaliser son advanced.
Corentin a un peu plus de 20 plongées au compteur étalées sur un peu plus d’un an.
Eric avec Corentin
Durant toute la plongée, Éric ne peut s’empêcher « d’encadrer » Corentin.
Lorsqu’ils débriefent ensemble sur le bateau à la sortie de la plongée, Corentin est contrarié. Il ne comprend pas qu’Éric veuille le « chapeauter ». Même s’il reconnaît qu’il a moins d’expérience, il veut pouvoir, à juste titre, avoir l’occasion de l’acquérir, car il sait comment s’améliorer.
De son côté, Éric a de réelles bonnes intentions. Il a appris le danger de la plongée en long et en large et, finalement, il a développé pas mal de craintes vis-à-vis de plongeurs et plongeuses ayant eu, selon lui, une formation « légère ».
Du coup, il s’angoisse pour Corentin et n’arrête pas de le surveiller… car en plus, il apprécie son binôme !
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Remettre en question la formation : causes et raisons
Alors que je les observe tous les deux (et comme je les connais depuis longtemps), je discute un peu avec eux. Je sens bien que Corentin n’en veut pas à Éric. Mais qu’il aimerait simplement pouvoir avoir son espace de liberté et d’autonomie acquise lors de sa formation.
De son côté, Éric me dit que tout de même 20 plongées ce n’est pas grand-chose pour être autonome. Il trouve que si peu d’immersions pour aller en autonomie, c’est dangereux. Et pourtant, force est de constater que Corentin a une autonomie plus grande que la sienne.
En effet, il peut aller jusque -30 mètres !
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Tandis que nous discutons, je questionne Éric : « tu as confiance en Sven ? » (ce dernier étant le responsable de la structure dans laquelle nous plongeons tous les trois). Éric me répond par l’affirmative. Alors, je lui dis que moi aussi.
J’ajoute que si Sven, avec ses nombreuses années d’expérience, a validé le niveau de Corentin, je ne vois aucune raison, en ce qui me concerne, de remettre en question la formation qu’il a dispensée à Corentin.
D’autant que Corentin est un plongeur intelligent et prudent.
Une situation pas si exceptionnelle
Afin de relativiser tout cela, je précise aussi à Éric que dans le monde entier, la toute grande majorité des formations de plongées donne une autonomie aux personnes après une poignée de plongées.
Et que, sauf erreur de ma part, cela ne crée pas plus d’accidents que chez nous. J’ajoute que je sais comme nous apprenons aussi souvent à « avoir peur ».
Eric me confie qu’il partage effectivement ce sentiment et qu’il a conscience que son attitude envers Corentin n’est pas vraiment juste. Mais que pour lui, c’est comme un reflex.
Je pointe enfin avec Eric le fait que lui s’autorise régulièrement de « petits dépassements » à -22, -23, -24 ou -25 mètres. Comme d’autres personnes de sa filière de formation.
Cela alors que, pour ma part, j’observe plutôt un respect des limites chez les plongeurs et plongeuses ayant été certifiés par des organismes de formation réputés plus « loisir ».
Peut-être parce que dans les organismes «loisir» on place les personnes directement face à leur responsabilité vis-à-vis d’eux-mêmes en les mettant très vite en autonomie plutôt que de les encadrer très longtemps ? Je l’ignore.
Mais ce dont je suis certaine, c’est qu’il ne me viendrait pas à l’esprit de remettre en question la formation des autres.
Eric réfléchi et sourit. Il me dit que c’est vrai que son attitude ultra prudente l’empêche finalement de profiter de ses immersions.
Il décide de rendre à Corentin la responsabilité de ses immersions.
Pour s’aider, ils se greffent tous les deux durant deux plongées à la palanquée de Sophia, une autre plongeuse aguerrie qui n’a aucun soucis à laisser chacun faire sa plongée.
Et la semaine se déroule, excellente.
Conclusion
Il n’est pas toujours facile d’accepter que les formations des autres, même si elles ont été différentes, ne sont pas pour autant mauvaises.
Relativiser et mettre de côté nos propres peurs pour laisser les autres vivre leurs expériences peut nous aider à mieux vivre nos immersions.
À mon sens, il n’est pas juste de remettre en question la formation d’un autre parce qu’elle n’est pas la même que celle que nous avons eue. Les choses changent, les méthodes pédagogiques évoluent et les profils des plongeurs également.
Et il est bien plus intéressant de s’enrichir nos différences plutôt que de tourner en rond sur nos ressemblances.
Et si nous faisions preuve d’ouverture, de bienveillance et de tolérance comme Eric a réussi à le faire ?
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Avez-vous vous aussi tendance à vouloir comparer et remettre en question la formation des autres ? Au contraire, cela vous est bien égal et vous préférez vous contenter de plonger ?
Dites-moi cela en commentaire ci-dessous.
Et surtout… n’oubliez pas d’être heureux/heureuse
Hélène