Alcool Et Plongée : Les Chiffres Qui Choquent

Alcool et plongée
Qui ne s’est pas déjà demandé quelle était l’influence de l’alcool et de la plongée ?
Vous allez peut-être me dire « oui, mais c’est un peu comme la narcose ! »
Oui, l’impression peut-être, mais certainement pas les effets.
Parce que certains vous diront que plonger et être narcosé c’est un peu comme boire de l’alcool. D’ailleurs on appelle même la narcose en plongée « l’effet Martini ».
Mais qu’en est-il en vrai ?
Peut-on mêler alcool et plongée ?
C’est le sujet débattu lors d’une récente conférence à la Société belge de Médecine Hyperbare et Subaquatique (SBMHS) où j’étais présente.
Voici ce que j’en ai retenu et croisé avec d’autres sources.
À propos de l’autrice :
Hello, moi c’est Hélène, monitrice passionnée, ambassadrice DAN et photographe sous-marin. J’ai créé ce blog en 2017 et écrit des centaines d’articles pour inspirer une vague de bienveillance et d’ouverture. Plus d’infos dans cet article.
Effets de l’alcool en général
L’alcool a un effet antidépresseur ; on se sent bien, plus en confiance… Mais il diminue aussi les fonctions cognitives (eh oui !). Et ce n’est pas tout. La mémoire et la capacité de jugement des situations sont aussi affectées par ce breuvage.
Bien sûr, il y a des ressemblances avec la narcose.
Mais en réalité, l’alcool augmente surtout les effets de la narcose. Et ceux-là sont déjà bien dangereux en plongée (si vous n’en êtes pas convaincu, lisez cet article)
Il paraitrait par ailleurs qu’un rapport jamais publié par la BSAC (mais cité par l’orateur) montrerait même que l’alcool augmenterait de 30% les accidents en plongée. Rien que ça ! Avouez que nous aimerions lire ce fameux rapport 😳
Mais pourquoi l’alcool est mauvais en plongée ?
Tout d’abord, l’alcool a un effet diurétique. Celui-ci va contribuer à la déshydratation générale du corps. Et en plus, il va s’additionner à la déshydratation provoquée par la plongée en elle-même. (Mauvais cocktail, si je puis dire).
Pour rappel, la pression a tendance à ramener les fluides vers le centre (c’est la raison pour laquelle vous devez absolument uriner) et donc à déshydrater le corps.
La déshydratation en plongée a également un effet négatif sur l’élimination de l’azote après l’immersion.
Plus d’infos sur la déshydratation en plongée dans cet article
Plus généralement, la surconsommation d’alcool entraîne
- Des problèmes neuronaux
- Un risque accru d’ischémie myocardique
- Une augmentation de l’hypothermie
Sur ce dernier point, il faut noter que l’hypothermie diminue la circulation périphérique et donc diminue de ce fait l’élimination de l’alcool. C’est un peu le chat qui se mord la queue, n’est-ce pas ?
L’alcool en plongée empêche également de sentir correctement le froid et peut aussi entraîner une hypoglycémie.
(Je vous mets dans cet article toutes les meilleures astuces pour se protéger du froid en plongée)
Mais ce froid que vous ne sentez plus permet aussi en réalité à l’azote de se dissoudre plus facilement dans les tissus (loi de Henry). Et ça, ce n’est pas bon du tout.
En théorie, il semble donc bien que l’alcool augmente les risques d’ADD.
Mais aussi…
De plus, en augmentant vos risques, vous diminuez la sécurité de vos binômes en risquant de les mettre dans des circonstances accidentogènes.
Car, boire de l’alcool altère les performances cognitives et physiques, même en faible quantité. L’alcool affecte de manière plus marquée les tâches nécessitant plusieurs foyers d’attention, comme c’est le cas en plongée.
D’autant que, l’alcool modifie les perceptions visuelles et auditives et peut donc être un facteur de risque d’accident lié à la plongée. Et de mauvaises réactions en cas de problèmes de votre binôme.
Enfin, les effets de l’alcool peuvent compliquer le diagnostic de problèmes médicaux liés à la plongée, comme masquer ou imiter les symptômes de la narcose à l’azote et de la maladie de décompression.
Rien de très réjouissant.
Et pourtant
On les voit les plongeurs se ruer sur leurs bières ou autres boissons alcoolisées juste après la plongée. Ou pire… juste avant. Et que dire des gens qui font la java toute la nuit et viennent plonger aux petites heures le lendemain matin ?
Habituellement, il n’y a pas vraiment de surveillance dans les clubs de plongée quant à la consommation d’alcool des personnes qui les fréquentent. À l’exception des croisières de plongée où il est souvent interdit de boire de l’alcool avant une plongée : « tu peux boire une bière à midi, mais tu ne plongeras plus aujourd’hui » pourrait y être l’adage.
D’autant que lorsque vous plongez sur des sites reculés ou carrément dans des croisières « aux marges du royaume », mieux vaut tout mettre en place pour ne pas risquer d’accident.
Cela, même si vous avez prévu une bonne assurance de plongée.
Dans son étude sur le sujet, Loic Cuminetti, montre que sur sa cohorte de plus de 4000 plongeurs français, une personnes sur deux, tous genres confondus avait un problème par rapport à l’alcool.
Il avance aussi ce chiffre impressionnant : 30% des plongeurs interrogés ont admis avoir consommé de l’alcool dans les 6 heures précédant une immersion.
C’est interpellant quand on sait les effets que cela peut avoir sous l’eau !
Je me rappelle
C’était il y a quelques années lors d’une merveilleuse croisière de plongée.
Ludovic (prénom d’emprunt) était un plongeur alcolo-dépendant (et fumeur de surcroit, mais ça, c’est pour une autre fois).
À peine avait-t-il terminé la dernière plongée de l’après-midi qu’il se ruait sur sa bière. Quand je dis ruait, le mot est faible.
Alors que nous étions encore occupé à nous déséquiper en parlant joyeusement, lui était assis en position de bouddha sur un des sièges du pont supérieur, dégoulinant d’eau salée. Un premier verre de bière à la main, une cigarette de l’autre.
Ce n’était très certainement pas une bonne idée. Et pourtant, nous connaissons toutes et tous un “Ludovic”, n’est-ce pas ?
Alcool et plongée : les recommandations
Loin de moi l’idée d’empêcher les plongeurs et plongeuses de faire ce que bon leur semble.
Après tout, vous êtes adultes et responsables. Et peu de gens ont envie de mourir en plongée.
Au contraire, nous voulons nous faire plaisir et découvrir des merveilles.
Il n’empêche que les recommandations proposées à la SBMHS lors de la conférence étaient celles-ci :
- Une tolérance zéro de l’alcool avant de plonger
- Faire une bonne nuit de sommeil avant de plonger
- Pas d’alcool juste après la plongée ; on commence par se réhydrater avec des boissons non alcoolisées (eau, jus de fruits…)
- Ensuite, plus tard après la plongée, si vous voulez boire de l’alcool, alternez un verre avec et un verre sans.
Les organismes de plongée et les structures associatives ou professionnelles devraient probablement aussi insister encore plus sur la prévention.
Cela, même s’ils sont conscients que le plongeur loisir cherche aussi la convivialité au travers de la plongée. Et que boire un verre ensemble, c’est aussi une manière habituelle dans notre société d’augmenter cette convivialité.
Mais finalement, plonger est peut-être aussi l’occasion de partager des moments vrais et forts sans nécessairement boire de l’alcool ?
Alors, après la fin de la plongée, plutôt que de boire de l’alcool, profitez pour discuter, remplir votre plus beau carnet de plongée ou partir à la recherche des espèces que vous avez observées dans un des meilleurs livres de biologie marine.
Conclusion
Alcool et plongée ne font clairement pas bon ménage.
Entre les risques d’ADD, les effets augmentés de la narcose et les complications potentielles telles que l’ischémie myocardique ou l’hypothermie, la consommation d’alcool avant ou immédiatement après une plongée n’est vraiment pas une bonne idée.
Introduire l’alcool dans l’équation d’une plongée est une recette pour le désastre.
La sécurité en plongée doit toujours rester une priorité absolue et est le plus beau cadeau que vous pouvez vous faire. Et dans cette optique, je ne peux que vous conseiller de toujours appliquer les bases de la prévention des accidents.
Pour ma part, il m’est arrivé à de nombreuses reprises de boire un verre après la plongée. Mais à présent, je sais que je vais faire autrement.
Après tout, les plaisirs de la plongée sont dans la clarté de l’expérience, pas dans les brumes de l’ivresse.
Alcool et plongée, qu’est-ce que vous en pensez ?
Dites-moi ça dans un commentaire ci-dessous pour en faire profiter tout le monde.
Et surtout… n’oubliez pas d’être heureux/heureuse 😊
Hélène
Pour aller plus loin :
- Alcool et plongée : attitude et consommation des plongeurs scaphandres autonomes français en plongée loisir, une étude sur 4302 plongeurs – Loïc Cuminetti
- Annual Diving Incident Report – BSAC
- DAN EUROPE : prévention et sécurité
- Société belge de Médecine Hyperbare et Subaquatique (SBMHS)
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