« Viva Algeria ! »

Le cri et les chants des enfants dans l’avion qui se pose sur le tarmac de l’aéroport d’Oran ce soir-là. Les rires et les applaudissements fusent de toutes parts. Je souris et me dis que ce voyage pour plonger en Algérie près de Oran commence dans la joie et la bonne humeur.

C’est d’ailleurs un peu l’ambiance qui va accompagner mon séjour d’une dizaine de jours sur la côte algérienne. Avec des surprises excellentes et d’autres, nettement moins sympas. Je vous raconte.

Retour sur une idée

Mon ami Ibra, photographe sous-marin de talent pour lequel j’ai consacré un article , me disait depuis longtemps qu’il fallait que je vienne découvrir les plongées en Algérie. Mais qui plonge là-bas ? Je n’en avais pas vraiment entendu parler.

Un soir, alors que je discute avec Ibra, je lance : « OK, je viens cet été ». Dans la foulée, je réserve mon billet d’avion sans trop savoir ce que la destination va me réserver. 

Parce que si l’on connaît bien les plongées en Méditerranée en France, Espagne ou Italie, il faut bien reconnaître que l’Algérie est rarement citée comme lieu de prédilection pour s’immerger dans la grande bleue. Et pourtant…

Pour ma part, mes connaissances de plongée en Méditerranée allaient de l’Espagne à la France avec, un peu plus bas, un grand coup de coeur aussi pour Ustica, la Perle Noire.

Quelques mots sur Oran et sa région

Parce qu’il vient de là et qu’il m’assure que c’est l’endroit où l’on trouve les meilleurs spots de plongée, c’est à Oran qu’Ibra m’invite à aller. 

Située au nord-ouest de l’Algérie, Oran, surnommée « la radieuse » est la deuxième plus grande ville d’Algérie. Il règne ici une animation inhabituelle pour moi. À minuit, les rues sont bondées de personnes de tous âges : les jeunes se retrouvent entre eux pendant que les familles pique-niquent au bord des routes ou dans les espaces plus verts. 

On sent ici l’empreinte française, mais espagnole aussi. Dans le langage, cela se traduit par un dialecte ou l’arabe, le français et l’espagnol se mêlent tranquillement. 

En arrière-plan, l’étendue du lac salé et les hauteurs de l’Aïdour invitent à découvrir la nature de cette région d’Algérie durant les moments où l’on ne va pas plonger.

« Il n’est quasi plus tombé de pluie depuis deux ans » nous confie Mamidou, un algérien devenu aujourd’hui un ami, qui nous fera découvrir la forêt, cueillir les figues en pleine nature et écouter les loups. La nature souffre et, pourtant, on se dit qu’elle est tout de même bien résiliente. 

Dans son restaurant de son hôtel « Le Galion », à Aïn El turk, entouré de Faycal et de ses autres amis qui nous accueillent avec générosité, Mamidou nous raconte son Algérie avec passion. Mais aussi toutes ses plongées à Oran et dans les environs.

Où plonger en Algérie ?

De la frontière tunisienne à l’ouest d’Oran, il existe de nombreux sites qui permettent la plongée en Algérie. Mais, il semble que la région d’Oran soit particulièrement propice à la plongée. 

En effet, au niveau de Bousfer plage, se fond sur l’horizon, l’île Paloma appelée aussi l’île plane par les Français. Petit sanctuaire marin, elle est le point de départ de nombreux baptêmes et formations de plongée en Algérie. Il faut dire que les paysages sous-marins y sont absolument fantastiques, fascinants et bluffants.

Aqua Paloma, un centre juste parfait pour plonger en Algérie

Pour ce séjour de plongée en Algérie, il était prévu que je plonge avec Amine dans son centre Aqua Paloma. 

J’avais en tête que ce pays allait être parfaitement désorganisé. Aussi, quand j’ai vu le centre de plongée d’Amine près d’Oran, ma surprise a été totale. Ici, tout est bien rangé, organisé et pensé. L’ambiance est hyper familiale tout en étant très professionnelle.

Le bateau est spacieux et rapide. Les clients sont pris en charge de manière individualisée (un moniteur par baptisé). Il n’y a (quasi) pas de portage puisque le centre est situé juste au-dessus du ponton ou le bateau est amarré.

Pas de longues navigations non plus. En effet, le club est situé juste face à l’île. 

Du côté de l’encadrement, 100% des moniteurs/monitrices et des assistant.e.s ont le sourire, le sens du service et une attitude professionnelle des plus adéquates.

Il règne ici une ambiance excellente. Mention particulière pour les briefings des baptêmes donnés dans une langue qui mêle gaiement l’arabe et le français. Qu’est-ce que j’ai bien ri : « blablabla détendeur, blablabla respiration, blablabla 100bar… » Excellent !

A la fin de mon séjour, j’ai dit avec sincérité à Amine que de nombreux centres en Europe pourraient prendre exemple sur le sien. Je le pensais vraiment. 

C’est à mon sens le point de départ parfait pour découvrir les plongées en Algérie. Je conseille vivement cette adresse à celles et ceux qui sont tentés par l’aventure de la plongée en Algérie.

Faune et flore

Du côté de la faune et de la flore, la surprise aussi est totale durant les plongées dans cette partie de l’Algérie proche d’Oran. 

Il y a une richesse ici que j’ai rarement observée en Méditerranée. Et pourtant, je suis presque tout le temps restée sur des sites pour baptêmes et formations en raison de la saison. 

En effet, le centre est à son maximum et doit concentrer toutes ses activités sur les initiations. 

Du coup pas, moyen d’aller vraiment sur des sites plus remarquables à l’exception de l’un ou l’autre.

Mais qu’importe, la visibilité est excellente et les espèces variées.

Du spectacle, partout !

Les petites créatures se nichent sur les roches (amateurs de nudibranches, il y en a pour vous) tandis que les girelles, tels des ogres, s’amusent à dévorer les œufs des castagnoles. 

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Des murènes se baladent en pleine eau pendant que les poulpes se font plus discrets. Il faut dire qu’ici pus que nulle part ailleurs la mer regorge de bébé mérou. Ils sont absolument partout. 

Malheureusement, il y a moins d’individus adultes, car les pêcheurs algériens les prélèvent rapidement.

Un peu plus bas, à partir de -20m, des champs de gorgones, en bonne santé s’étendent à perte de vue. C’est fascinant toute cette beauté.

Mais ce qui m’a le plus fascinée est certainement la quantité impressionnante de poissons de nombreuses espèces. Tout est « en vrac» dans les eaux algériennes.

En effet, chaque immersion vous plonge dans des « bains de poissons » tellement les eaux sont riches.

Alors que nous faisons notre dernière plongée, Amine me confie sa déception : il aurait voulu nous emmener sur des « vrais beaux sites ». Je le rassure en lui confiant que je suis éblouie par les fonds marins que j’ai pu explorer. Mais il me répond que je n’ai vu que 10% de la beauté de la plongée en Algérie. Evidemment, ça donne furieusement envie d’y retourner.

Reliefs et variétés

Du côté des reliefs, les sites sont là aussi exceptionnels. 

Champs de gorgones, étendue de sable, petits herbiers, roches, grottes impressionnantes… et épaves.

Que demander de plus ?

Je me souviens d’une plongée particulière où je n’ai pas pris mon appareil photo. Les champs de gorgones s’étendaient à perte de vue, serrées les unes contre les autres, magnifiques et bouffantes. Quel spectacle de toute beauté.

Préservation et écologie

S’il y a un point qui demande une très grande amélioration, c’est très certainement la gestion des déchets.

En Algérie, le plastique est omniprésent. Sur les plages, sur et au bord des routes, au début des campagnes et forêts et même dans l’eau. 

Pour nos yeux d’Européens, ça fait mal. Et on en vient à se demander si nos efforts en valent la peine, tant la tâche est grande dans cette partie de la Méditerranée.

De la même manière, une sensibilisation des pêcheurs serait un plus aussi.

Ce que je n’ai pas eu l’occasion de faire

• Une plongée de nuit. J’adore ce type de plongée et suis convaincue que là-bas elles doivent être particulièrement incroyables. 
• Des plongées sur épaves. Les eaux algériennes disposent de nombreux bateaux accessibles à la plongée sur ses fonds. Il y avait bien cette petite épave près de l’île, mais, si elle était jolie, elle n’était plus trop reconnaissable.
• Visiter Oran et les alentours. La prochaine fois, je louerai une voiture.

Comment aller plonger en Algérie ? 

VISA

Pour se rendre en Algérie afin d’effectuer des immersions de dingue, il vous faudra obtenir un VISA. Et pour le VISA, il vous faut une invitation d’un algérien qui va à la maison communale pour vous.

Si pour les résidents belges, ce n’est pas vraiment compliqué, il peut être plus difficile pour un résident français d’obtenir un VISA. Il convient donc de s’armer d’un peu de patience et se laisser guider avec confiance par l’hôte qui vous accueillera sur place.

Transport

Oran est une ville très bien desservie par les avions au départ de toute l’Europe. Pour la Belgique, regardez du côté de la compagnie TUI qui organise des vols directs depuis Bruxelles. Sans quoi, vous devrez partir de Charles De Gaule en France.

Vous pouvez également y accéder en bateau au départ de la France ou de l’Espagne.

Sur place, vous pouvez louer une voiture.
Attention cependant, la conduite en Algérie n’a absolument rien à voir avec la conduite en Europe.
Tout le monde se faufile plus ou moins adroitement sur les routes me rappelant mon road trip en Equateur lors de mes plongées aux Galapagos. Prudence donc.
Si vous n’êtes pas à l’aise préférez utiliser les taxis.

Logement

Au départ, je devais loger dans l’appartement magnifique au-dessus du club de plongée. Malheureusement, en raison d’une incompréhension, je me suis retrouvée dans un logement absolument insalubre qui n’avait rien à voir avec le club. Il offrait comme seul avantage d’être tout de suite sur la plage à quelques dizaines de mètres du club de plongée. 

Si je dois bien reconnaître que je n’avais jamais été hébergée dans un logement aussi pitoyable, j’ai pourtant pris mon mal en patience. J’ai également profité de cet inconvénient pour être toujours dehors, sympathiser avec mes voisins de plage et discuter avec eux. L’un nous amenait du délicieux thé à la menthe, l’autre une invitation pour le couscous du vendredi… C’était bien.

Parfois, je m’asseyais sous le parasol rouge, très motivée pour écrire… avant de laisser mon regard se perdre loin dans la mer.

Je n’ai pas croisé une seule personne qui n’avait pas au moins des origines algériennes durant mon séjour. C’était donc 100% dépaysant (à mon grand bonheur). Dès lors, j’ai pu constater que, sincèrement, les Algériens étaient profondément sympathiques.

Quoiqu’il en soit, soyez donc vigilants sur le choix de votre logement.
Perso, pour un prochain séjour, ce sera d’office chez Amine.

Sécurité

Alors que j’étais dans l’avion pour venir plonger à Oran, ma voisine m’interroge : « vous n’avez pas peur de venir en Afrique ? »

Je la regarde et lui réponds « non, pourquoi ?  Le devrais-je ? »

Habituellement, je ne crains pas d’aller à la rencontre d’autres cultures, d’autres horizons tout autour du monde. 

Ici, je n’ai à aucun moment ressenti d’insécurité. Les amis algériens que je me suis faits là-bas m’ont plutôt parlé de sécurité, d’esprit d’entraide et d’accueil.

Quand aller plonger en Algérie ? 

Un bon conseil : évitez l’été ! 

Les plages sont bondées et les clubs de plongée doivent répondre aux besoins de baptêmes et formations.
De même les routes sont embouteillées tous les jours à partir de 11h.

La meilleure saison pour les explorations est certainement septembre/octobre même si le printemps est, paraît-il, sympa aussi.

Attention, l’eau n’est pas aussi si chaude que le pays pourrait le faire penser. 

Pour info, lors de mon séjour du 8  au 17 août la température de l’eau était de +/- 24 degrés en surface et 18 degrés à -30 mètres.

Dès lors, pensez aussi à vous équiper en conséquence.

Pour ma part (je suis frileuse), c’était sous combi avec cagoule intégrée, combinaison 5mm et bottillons. Je n’ai jamais eu froid lors de mes plongées en Algérie entre 0 et -37m.

Choix du club

Les yeux fermés, je vous recommande le club Aqua Paloma d’Amine.

En plus de mettre une ambiance familiale, Amine est très pro et bienveillant.

Par contre, il suit strictement les standards de la CMAS algérienne et n’accepte pas les plongeurs PADI. Mieux vaut le savoir et/ou voir avec lui selon votre expérience s’il accepte de vous accueillir dans sa structure.

Pourquoi aller plonger en Algérie ? 

Il y a de multiples raisons d’aller plonger en Algérie. 

D’abord, parce que les fonds marins sont tout simplement bluffants. Très clairement parmi les plus beaux que j’ai vus en Méditerranée (si pas les plus beaux tout simplement).

De la même façon, la destination est encore peu plongée et donc bien préservée du tourisme de masse. Un paradis pour plongeurs complètement méconnu et certainement sous-évalué.

De ce fait, plonger en Algérie permet des immersions originales loin des sentiers battus.

L’Algérie est une destination proche, accessible en bateau et bon marché. Pour exemple, les plongées sont à 20-25 €. Une pizza (délicieuse) coûte 3-4 € maximum au restaurant et le litre d’essence 0,20€.

Les Algériens sont définitivement très accueillants et sympathiques.

Du côté de l’apnée en Algérie

Si la plongée est déjà implantée en Algérie, ce n’était pas nécessairement le cas de l’apnée.
À l’exception des chasseurs bien sûr. 

Aussi, je voudrais mettre en lumière mon ami Fouzi. 

Président du Comité National d’apnée FASSAS affilié à la CMAS en Algérie, Fouzi, moniteur de plongée et d’apnée, est une personne bienveillante et respectueuse. Depuis plusieurs années, il réalise avec passion un formidable travail dans son pays pour permettre, petit à petit, d’aligner des athlètes au niveau international.

Le rencontrer, échanger ensemble à de nombreuses reprises durant mon séjour, partager des repas ou encore découvrir les paysages grandioses avec lui m’ont donné aussi envie de tester, lors d’un prochain séjour, l’apnée en Algérie.

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En bref

Vous n’aimerez pas l’Algérie si :

• Vous êtes ponctuel et ne supportez pas que les autres ne le soient pas. Ici le rendez-vous pour la plongée est par exemple à «  8h00… inch’allah ». Cela peut donc être 8h30, 9h00, 9h30… Il faut vraiment lâcher prise sur l’horaire. (Et sur d’autres choses aussi 😁)
• Les personnes qui portent des abayas ou des voiles vous dérangent. Ici, les femmes se voilent… ou pas. Les hommes et les femmes portent des abayas… ou pas. Et tout le monde se côtoie aux mêmes endroits.
• Vous avez besoin d’un environnement absolument propre et sans déchets.
• Votre truc ce sont les grands resorts 5* en bord de mer avec club de plongée intégré.
• La température de l’eau doit être supérieure à 27°C sans thermocline (vous n’aimerez dès lors pas les plongées en Méditerranée.)

Vous aimerez si :

• Vous êtes ouverts et curieux d’esprit.
• Votre besoin d’aventure sous-marine vous entraîne à explorer des lieux peu/pas plongés.
• Les sites variés sont ceux que vous recherchez.
• Vous n’aimez pas les longues navigations.
• Les spots où la vie marine grouille de partout ? Vous adorez ça !
• Vous accordez une importance sur l’accueil et la sympathie des personnes.
• Aller à la rencontre d’autres peuples et cultures vous intéresse.
• Finalement, les destinations proches de l’Europe ont votre préférence.

Est-ce que je retournerai plonger en Algérie ?

Franchement, mes conditions de logement étaient tellement désespérantes que, durant mon séjour, c’était clair pour moi que je ne reviendrais pas plonger près d’Oran, ni ailleurs dans ce pays.

Pourtant, la beauté des fonds marins en Algérie est tellement bluffante et fascinante et les Algériens si accueillants que déjà, dans l’avion du retour, je réfléchissais à comment (et quand) organiser mon prochain voyage là-bas !

Pour moi, cette destination est comme un eldorado de la plongée en Méditerranée.
Un endroit où il reste tellement à découvrir.

Aujourd’hui, je suis certaine que je retournerai plonger en Algérie durant un mois de septembre. Mais uniquement au club d’Amine en logeant dans l’appartement qu’il loue sur place.

D’avance, je me réjouis de revoir ces fonds marins incroyables qui font très certainement partie des plus beaux spots de Méditerranée.

D’ailleurs, en écrivant cet article, j’ai définitivement trop envie de retourner rapidement là-bas.

Vous connaissez la plongée en Algérie ? Ça vous tente ? 

Dites-moi cela en commentaire de ce post.

Et surtout… pensez à être heureux/heureuse 😊

Hélène