Un détendeur avec une sonde de pression et un manomètre mécanique.

Sonde de pression versus manomètre mécanique

En plongée, je suis régulièrement surprise d’entendre dire que les sondes de pression sont peu fiables, voire dangereuses. Que rien ne vaut un bon vieux manomètre mécanique !

Et si c’était juste une idée préconçue qu’il serait largement temps de dépasser ? 
C’est ce que je me propose de voir avec vous au travers de cet article.

Des outils de mesure

Pour assurer notre sécurité, nous avons besoin de pouvoir mesurer la pression dans notre bouteille. Exit la tige de réserve que seuls les « vieux plongeurs » ont connue, il existe aujourd’hui deux outils différents : le manomètre immergeable et la sonde de pression couplée à un ordinateur de plongée.

Le plus classique et le plus utilisé est très certainement le manomètre. Purement mécanique, le manomètre possède une aiguille qui bouge sur un cadrant pour indiquer la pression. 

Plus récente, la sonde de pression est électronique et envoie l’information à l’ordinateur de plongée qui l’affiche sur son écran.

L’idée que l’électronique n’est pas fiable et que « rien de tel qu’un bon vieux manomètre mécanique » est bien ancrée. Ce genre d’affirmation très tranchée m’interpelle depuis longtemps. D’autant que je n’ai jamais rien lu à ce sujet qui soit argumenté, chiffres vérifiables à l’appui.

De plus, dans mon parcours, je n’ai jamais eu de problèmes avec mes sondes de pression alors bien même que j’ai vu deux fois des manomètres mécaniques avoir un souci et provoquer des pannes d’air !

Aussi, j’ai eu très envie d’aller découvrir auprès d’un spécialiste ce qu’il en était VRAIMENT.

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Les chiffres qui parlent

C’est Manuel Cabrère, Product Manager Regulators et BCD’s chez AQUALUNG, qui va m’apporter la réponse aux questions que je me pose. Les chiffres vérifiés et donnés par Manuel parlent d’eux-mêmes.
Que ce soit pour un manomètre ou une sonde, le taux de panne est de 0,3%. Pour 1000 outils vendus, 3 reviennent en réparation. Clairement, chiffres à l’appui, une sonde ne tombe donc pas plus en panne qu’un manomètre mécanique. 
Quant à la panne de perte du signal entre la sonde et l’ordinateur, elle se situe à 0,04%. 
Parfois, il peut se produire une perte du signal lors du déclenchement d’un flash en photographie sous-marine mais c’est transitoire. Le signal revient quelques secondes plus tard sans altération de l’information.

J’entends certains d’entre vous me dire « oui, mais il dit ça pour vendre des sondes parce que ça rapporte plus ». Mais là, je me dirai qu’il faut faire preuve de très mauvaise foi pour penser ça de Manuel.

Même si Aqualung est l’équipementier le plus important sur le marché, on peut imaginer que le procédé de fabrication d’un manomètre est très similaire d’une marque à l’autre. Et celui d’une sonde également.

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Fonctionnement des deux systèmes

Le manomètre mécanique

Le manomètre est un système purement mécanique basé pour la toute grande majorité sur l’élément de mesure appelé tube de bourdon. Le tube de bourdon est fabriqué par l’une ou l’autre firme qui le vend à l’équipementier. Celui-ci l’intègre à son produit fini en respectant les recommandations du fabricant.

Il faut savoir que ce tube de bourdon est délicat et fragile. En effet, il comprend un tube en métal qui, si le manomètre est mal entretenu, s’oxydera et compromettra progressivement son bon fonctionnement. Un des risques est d’avoir un blocage d’aiguille sur une position en cours de plongée. 
D’autre part, le manomètre comprend de fines soudures à l’étain qui redoutent les chocs, c’est pour cela que les équipementiers l’entourent d’une protection élastomère. Protection qu’il convient de ne surtout pas enlever ! En effet, un manomètre, comme n’importe quelle partie de votre équipement, doit être entretenu selon les prescriptions du fabricant. Et non, vous ne verrez pas une panne précoce en plongée sans la protection. La panne précoce vous la verrez en faisant le contrôle et la maintenance annuelle en atelier.

La sonde de pression

La sonde quant à elle ne comporte pas de mécanique. Ici, le signal électronique est envoyé vers l’ordinateur de plongée qui affichera la pression. L’électronique n’est pas exempte de panne, mais est de plus en plus fiable et est la plus précise dans la lecture de la pression sous l’eau. 
L’électronique aura habituellement un comportement de type binaire : cela fonctionne ou cela ne fonctionne pas. Aucun cas de pression bloquée sur une valeur n’a été rapporté jusqu’à présent chez Aqualung. Et donc si votre pression ne s’affiche plus vous savez qu’il est grand temps de terminer la plongée. La sonde est globalement plus résistante aux chocs qu’un tube de bourdon. Néanmoins, si vous craignez d’accrocher votre sonde à un obstacle, fixez-la sur un mini flexible haute pression, mais c’est très rarement nécessaire.

Manomètre mécanique ou sonde de pression : que choisir ? 

Le manomètre mécanique offre l’avantage incontestable d’être moins coûteux. De plus, il convient bien pour le matériel de prêt ou de location. Car, dans ce cas, il n’est pas possible (ou très compliqué) de disposer de toutes les sondes allant avec les ordinateurs de plongée des membres. Il est aussi simple d’utilisation (pas de manœuvre d’appairage par exemple).

Pourtant, à mon sens, en termes de sécurité et de confort, il n’y a plus aucune raison aujourd’hui de composer son équipement personnel avec un manomètre mécanique. 

En effet, coupler une sonde de pression avec son ordinateur apporte de réels avantages dont il serait dommage de ne pas profiter.

3 avantages principaux des sondes de pression

  • Lisibilité directement sur l’écran de votre ordinateur. On ne cherche pas après l’information comme l’on voit souvent les plongeurs qui « cherchent » leurs manomètres. En plus c’est hyper rapide.
  • Précision de l’information : on ne lit pas +/- 100 bars. Ici l’indication de pression est précise au bar près.
  • Fonction RBT ou GRT (ou autre acronyme selon la marque). Cette fonction permet de paramétrer la réserve de gaz que l’on veut avoir en fin de plongée, en tenant compte de la plongée, de la vitesse de remontée, des paliers à faire, etc.
    Il vous suffit donc de lire l’information exprimée en minutes donnant le temps qu’il vous est possible de rester à la profondeur de lecture pour avoir en fin de plongée la pression de réserve paramétrée. Grâce à cela, la panne d’aire devient quasi impossible. Ceci ne dispense bien entendu pas d’effectuer une bonne planification et un bon briefing d’avant plongée.

Si la sonde de pression a de loin ma préférence, il me faut tout de même préciser que son principal désavantage se situe certainement dans son prix. En effet, dans le choix d’un outil de mesure, le prix est bien entendu un élément important. Une sonde de pression coûte environ le double d’un manomètre de qualité. Et il vous faudra en plus un ordinateur qui permet d’être couplé avec sa sonde. Très clairement la question du budget influencera le choix. 

Au vu de tout cela, évidemment, on peut s’interroger sur… 

Comment expliquer la méfiance envers la sonde de pression ?

Alors qu’elles sont aussi fiables que les manomètres mécaniques et bien plus confortables dans l’utilisation, les sondes de pression sont encore parfois victimes d’une certaine suspicion à leur encontre. Plusieurs raisons pourraient expliquer cette méfiance. En voici 4 principales :

  • La méconnaissance des produits : les plongeurs et plongeuses ne connaissent pas toujours bien le fonctionnement des différents outils à leur disposition. En ce compris les processus de fabrication et les statistiques de pannes. 
  • Le prix : certaines personnes n’ont pas les moyens ou ne veulent pas mettre les moyens pour s’équiper d’une sonde de pression. Elles préfèrent dès lors dire que c’est mauvais (c’est du déjà vu chez des moniteurs… eh oui !)
  • Le dogme inapproprié de certains organismes de formation. En effet, il existe des filières dans lesquelles vous entendrez systématiquement que les sondes sont dangereuses quand elles ne sont pas proscrites.
  • La peur du changement : je ne dois pas vous expliquer ce point, n’est-ce pas ? Parce que… « On a toujours fait comme ça ».

Au final, que vous utilisiez une sonde de pression ou un manomètre mécanique, que reste surtout votre plaisir de plonger avec plaisir en toute sécurité. 

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Vous êtes plutôt sonde de pression ou manomètre mécanique ? Pour quelles raisons ? 

Dites-moi cela en commentaire directement sur le blog pour en faire profiter tout le monde. 

Et surtout… n’oubliez pas d’être heureux/heureuse 🤗

Hélène

Merci à Manuel Cabrère pour ses réponses précises et à mon binôme Didier qui s’est fait le relais de mes interrogations.