Sanctuaire marin des Marquises : scénario d’une mort annoncée ?
Pêche aux Marquises : le projet qui menace la biodiversité
Il n’est pas toujours aisé de s’intéresser aux problématiques qui se déroulent loin de chez soi. Pourtant ce sujet de pêche aux Marquises me tient particulièrement à cœur. Cela, car j’ai un amour tout particulier pour cette terre marquisienne lointaine. Des territoires presqu’inaccessible où, comme le chantait si bien Jacques Brel, « le temps s’immobilise ».
Peut-être faut-il avoir foulé un jour ces terres isolées et préservées pour en comprendre l’étendue de la richesse humaine et écologique. Peut-être pas…
Les îles volcaniques des Marquises forment un archipel de la Polynésie française. Situées à près de 1500 km au Nord-Nord/Est de Tahiti, ces îles nommées Fenua Enata en marquisien, recèlent des trésors de nature jusqu’ici protégés.
Les fonds marins encore quasi inexplorés abritent des populations de requins marteaux, pélagiques, raies mantas, bancs de poissons, … D’une richesse comparable, par exemple, à celle des Galapagos.
Aujourd’hui menacé de plein fouet par un énorme projet de pêche, le sanctuaire marin des Marquises vit des heures difficiles. Là-bas, au bout du monde, c’est pourtant toute une population qui se mobilise pour empêcher ce scénario d’une mort annoncée.
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Pour bien comprendre
Depuis de nombreuses années, des dizaines de thoniers placés en bordure de la zone préservée des Marquises, jusqu’ici interdite à la pêche industrielle, vident les océans de centaines de milliers de tonnes de thon chaque année !
Alors que les marquisiens demandent l’inscription de leur territoire au patrimoine mondiale de l’UNESCO, en septembre 2017, des armateurs ont gagné le combat et se préparent aujourd’hui à installer des flottilles entières de thoniers au large des Marquises. Cela, au fin fond de la Polynésie française.
L’objectif d’Eugène Degage et Tutu Tetuani est de doubler la pêche de thon et de passer de 6000 tonnes à 12000 tonnes par an. Essentiellement pour satisfaire les marchés chinois et américains (notamment de sashimis !). Le tout, sous couvert d’une création de 600 emplois (directs et indirects) qu’ils argumentent l’intérêt de ce projet.
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Pourquoi la pêche aux Marquises ?
L’intérêt de la pêche aux Marquises est assez évident.
Comme il n’existe pas de pêche industrielle (ni de conserveries) dans cette partie du monde, de nombreuses espèces de poissons sont présentes en nombre.
C’est le cas de la dorade et du très convoité thon obèse appelé Big eye tuna ou Hoke (en Marquisien)
Cette abondance de poissons s’explique également par le fait que la population de ces îles est encore très marquée par des traditions ancestrales telles que le rahui.
Cette tradition veut que chacun et chacune respecte les ressources naturelles.
Les marquisiens utilisent donc les ressources naturelles de leurs îles et de la mer. Pour se nourrir sans en faire un commerce à grande échelle. Les produits de la chasse et de la pêche aux Marquises étant directement consommé par les habitants suivant leurs besoins.
L’armateur du projet E. Degage pense qu’il convient « d’exporter nos richesses ».
Ce n’est évidemment pas le même son de cloche du côté des habitants des îles Marquises.
Eux devront s’habituer, aux cours des prochaines années, à voir leurs ports de pêche traditionnelle évoluer vers des structures capables d’accueillir les débarques de pêche des thoniers.
Ces immenses bateaux évoluant dans leurs eaux. Les marquisiens ne pourront que regarder s’envoler la richesse de leur océan. Il n’est dès lors pas surprenant qu’ils manifestent aujourd’hui leur colère face à ce projet.
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Conséquences
Que restera-t-il de la richesse des océans après le passage de ces flottilles de thoniers ?
On est évidemment en droit de se poser la question lorsque l’on voit les dégâts que peut provoquer la pêche industrielle aux Marquises et partout ailleurs dans le monde.
Les eaux marquisiennes accueillent de véritables nurseries de nombreuses espèces de poissons. Pour des populations entières de pélagiques, les Marquises constituent un garde-manger important sur les trajets migratoires.
Bien sur, les prévisions de quelques milliers de tonnes de thons pêchés par les thoniers du projet ne rivalisent pas avec les centaines de milliers de tonnes pêchées par les thoniers croisant au large de la zone préservée.
Aussi, si l’océan se vide de ces thons à cet endroit précis, ce n’est pas seulement les populations locales qui en souffriront mais peut-être aussi l’ensemble d’un éco-système de plus en plus fragile.
Prévisions de dégâts
En autorisant cette pêche massive, les décideurs politiques ne laissent-ils pas la porte ouverte, d’une part au déclin du thon obèse déjà diminué de plus de 80% dans cette partie du monde à cause de la surpêche.
Et d’autre part à l’accroissement de la pauvreté sur les îles Marquises.
En effet, sur les îles , les habitants se nourrissent encore aujourd’hui de chasse et de pêche, vivant de ce fait en communion avec leur environnement ?
Inexorablement, les océans se vident partout autour du monde. Dans une course effrénée à la surconsommation. Cela, sans que les populations locales ne semblent nullement en profiter.
En 2018, on se réjouit que des zones protégées et des parcs marins sont créés aux quatre coins du globe.
Dès lors, il est étonnant qu’un endroit aussi préservé soit au contraire ouvert à la pêche à grande échelle. Cela, en nous donnant le sentiment amer d’un pas en arrière.
Sous le couvert d’une création d’emploi, ne serait-ce pas une manœuvre de main mise de l’économie sur l’équilibre de l’éco-système de la planète qui serait occupée à se mettre en place dans l’indifférence quasi générale du reste du monde ?
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Quel avenir pour la pêche aux Marquises et des populations locales ?
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Malgré tout… n’oubliez surtout pas d’être heureux / heureuses
Hélène