Lac de Lioson : la plongée sous glace version Suisse
Plonger au Lac du Lioson
J’avais déjà régulièrement entendu parler de la plongée sous glace au lac de Lioson, dans ce petit coin de Suisse, sans jamais avoir eu l’occasion de réaliser l’expérience.
C’est lors de la publication sur la page Facebook Different Dive d’un article concernant la plongée sous glace que j’avais faite à Tignes qu’un des internautes, Stéphane, a annoncé qu’il tentait l’expérience de la plongée sous glace au lac de Lioson le weekend suivant.
L’heure est à la décision
Contact pris, nous décidons sur un coup de tête, mon binôme Didier et moi-même, de le rejoindre lui et son club neuchâtelois Subsport tenu par Daniel Germanier pour une version suisse de la plongée sous glace.
Je ne comptais pas écrire de compte rendu de cette expérience mais juste partager les photos de plongée avec les internautes. Je n’ai donc pris que quelques clichés des lieux.
Cependant, l’expérience m’a tellement plu que je ne résiste pas à partager un peu de ces moments avec vous comme expliqué ici.
Préparation à la plongée sous glace au lac du Lioson
Le Lac de Lioson est accessible au départ du col des Mosses, petite station de ski vaudoise reliée à celle de Leysin.
Pour l’atteindre, il faut compter une montée annoncée de 1h10 … en été.
Comme nous sommes arrivés la veille, nous logerons au Relais Alpin et, bien que j’hésite avec la fondue et les röstis, je me laisse tenter dans leur espace « restaurant chalet » par une raclette absolument divine et je deviens experte en la matière.
Pas de doutes, nous sommes en Suisse 😁
L’ascension vers le lac de Lioson
Samedi matin, nous retrouvons le groupe d’une bonne vingtaine de plongeurs et plongeuses sur un parking enneigé du haut de la station des Mosses toutes et tous prêts à tenter l’aventure de la plongée sous glace au lac de Lioson.
Il faut dire qu’il n’existe aucun accès en voiture pour rejoindre ce lieu réputé de plongée sous glace en Suisse. C’est un ratrack, une dameuse spécialement aménagée, qui emportera notre précieux matériel de plongée vers le refuge du Lioson au bord du lac d’altitude du même nom, original.
Alors que, de notre côté, nous chausserons des raquettes pour faire l’ascension.
La montée jusqu’au lac à 1850 m d’altitude peut s’avérer compliquée pour ceux et celles qui manquent de condition physique et/ou qui oublient de manger le matin avant l’expédition mais elle permet d’admirer des points de vue époustouflants.
Le lac de Lioson en vue
Bien heureusement, nous arrivons bientôt au lac du Lioson où des plongeurs arrivés la veille terminent leur plongée du matin. Le décor est grandiose et majestueux et il me tarde de pouvoir faire moi aussi cette merveilleuse expérience.
C’est avec plaisir que la montée est récompensée par un repas franchement bien mérité et utile pour attaquer la première plongée sous glace de l’après-midi au coeur de ce beau lac de Lioson.
Le climat n’est pas au beau fixe. Le temps couvert, le vent soufflant assez fort et une récente avalanche nous promet une visibilité sous l’eau réduite.
Le temps des plongées
Daniel nous briefe sur les règles particulières de sécurité de plongée sous glace :
- Obligation d’évoluer par petites palanquées de 2 ou 3 personnes
- Mise en place d’une bouteille au pendeur avec un flash à allumer par la première palanquée et éteindre par la dernière
- Présence d’une ou deux personnes en surface équipées pour assurer la sécurité et tenir la longe (corde tenue d’un côté par la personne en sécurité surface et de l’autre par un des plongeurs de la palanquée)
- Obligation enfin de ne jamais perdre le contact avec la sortie : soit via un mousqueton attaché au triangle de câble tendu entre les trois trous dans la glace, soit via la longe si nous souhaitons nous écarter. La solution choisie ici est celle de la longe.
LIRE | Plonger En Hiver : Comment Bien Se Protéger ?
Première plongée sous glace au lac du Lioson
Les palanquées sont organisées et nous ne trainons pas à rejoindre le trou dans lequel nous allons nous immerger.
Manque de chance c’est le plus éloigné du bord et nous allons donc devoir marcher un peu plus encore dans la neige. Mais ce sera également l’occasion d’admirer le refuge vu du lac.
Pour notre première plongée, nous commencerons par assurer la sécurité de Stéphane et Christophe. Afin d’éviter de décapeler mon matériel, je m’assois sur le bord.
Mon binôme Didier me rejoint et nous veillons sur la palanquée immergée. Assisse au bord du trou (pas fort dégagé) en laissant un espace pour tirer hors de l’eau les plongeurs lorsqu’ils ressortiront de l’eau, je mesure aussi ma chance d’être là.
Quelques 20 minutes plus tard, Stéphane refait surface et nous le hissons entre nous sur le bord qui… s’effondre !
En effet, la plaque de glace cède sous notre poids et celui de nos blocs.
Alors, nous glissons comme sur un toboggan et nous nous retrouvons coincés tous les quatre, emmêlés les uns aux autres. Christophe ayant fait surface également entre temps.
A cet instant nous comprenons vraiment l’intérêt d’être équipés au bord d’un trou de plongée sous glace et nous gonflons directement un peu plus nos étanches pour éviter d’avoir froid.
A notre tour
Une fois la première palanquée sortie de l’eau, c’est notre tour et nous nous immergeons.
Inutile de le nier… l’eau est froide, très froide (entre 1 et 2°C) !
Je regrette instantanément d’avoir changé de cagoule de plongée et d’en avoir une juste un peu trop grande car elle laisse entrer l’eau par les côtés.
Cependant, je me concentre quelques instants le temps que la sensation extrême de froid disparaisse (comme ce fut le cas pour cette plongée en Islande) et j’entame la découverte…
Les connaisseurs repéreront un détail qui ne trompe pas concernant mon matériel de plongée en eau froide sur cette photo.
Et vous, l’avez-vous trouvé ?
La découverte de la plongée sous glace au lac de Lioson
Effectivement et comme prévu, l’avalanche a rendu l’eau trouble et la visibilité n’est pas extraordinaire mais meilleure que dans de nombreux endroits où j’ai l’habitude de tremper mes palmes.
Alors je suis heureuse. Heureuse d’avoir cette chance de vivre cette plongée sous glace dans un décor aussi exceptionnel et une fois de plus j’arrive à faire de cette plongée un moment magique.
Nous explorons la zone en admirant les grandes bulles d’air mouvantes (constituées de l’air que nous rejetons) plaquées sous la surface. Elles me font penser à des raies qui évolueraient au-dessus de nous (oui, j’admets, j’ai beaucoup d’imagination).
Mais nous sommes aussi admiratifs des chapelets de bulles d’air emprisonnées dans la glace.
Mais déjà, la sortie se profile nous gratifiant de sa belle lumière.
Au terme des 20 minutes prévues, nous regagnons la surface non pas sans admirer encore un peu la partie immergée de la glace.
Pour me hisser hors de l’eau, j’ai bien du mal à quitter ma position de phoque ou baleine échouée, au choix, lorsque les binômes en surface m’aident à sortir tellement je suis pliée de rire de m’imaginer dans cette position, ce qui les empêche aussi de garder leur sérieux.
Je me dis que nous devrions peut-être consulter un médecin car faire autant d’effort dans le froid pour 20 minutes dans une eau gelée avec une si faible visibilité… ce n’est peut-être pas un signe de bonne santé mentale, mais qu’est-ce que c’est gai.
Pendant qu’en surface…
Durant notre plongée, à coup de pioche, pelle et râteau, Stéphane et Christophe auront transformé cette ouverture :
En celle-là… beau travail, n’est-ce pas ?
Rien n’arrête les amateurs de plongée sous glace au lac de Lioson
Pour la suite de la journée, l’ensemble des palanquées renonce à la deuxième plongée du jour au vu des conditions météo.
Cela n’empêche que nous passons une belle soirée à découvrir les schnaps des bernois, à discuter avec les skieurs de passage et à déguster une terrible fondue moitié-moitié avec nos amis suisses.
La nuit se couche sur le Lac de Lioson et le refuge s’illumine.
Plus tard dans la soirée, nous nous effondrons de fatigue dans le lit du dortoir pour une courte nuit partagée entre la montée de ceux qui font longtemps la fête le soir (ou le matin c’est selon ) et le balais des « pipis de nuit » qui démarre vers 6h du mat.
Seconde plongée sous glace au lac de Lioson… les vaillants
Qu’importe, je suis enthousiaste pour la plongée sous glace du matin. Seulement 6 plongeurs et plongeuses s’immergeront. Les autres ayant déclaré forfait au vu des conditions météo qui ne s’améliorent pas (une tempête est annoncée). Mais peut-être aussi, en raisons des excès de la veille.
Je plongerai avec Stéphane et Christophe car mon binôme a préféré rester en surface.
Cette fois, nous allons au trou le plus proche du refuge et mon dos me dit merci.
Le vent s’est levé et la neige fouette nos visages pendant que nous patientons pour plonger. Cela nous donne des airs de bonhomme de neige comme c’est le cas pour Stéphane ici 😁
Heureusement pour nous, la visibilité est meilleure que la veille et nous sommes accueillis par un banc de truites (ok, je ne suis pas certaine que ce sont des truites, je vais me mettre à la plongée bio un jour, promis).
Nous nous dirigeons vers le tombant rocheux. Là, nous admirons les différents poissons (il doit vraiment y avoir des truites, des ombles, des perches, …). Lorsque nous revenons vers l’ouverture l’un d’eux semble monter la garde près du bloc de sécurité.
Le temps de l’exploration
Je m’apprête à faire des photos avec quelques jeux de lumière.
Manque de chance, mon appareil photo tombe en panne de batterie (l’erreur type de la débutante !). Cela arrive alors bien même que je me réservais ce moment pour prendre plein de clichés de ma plongée sous glace au lac de Lioson à vous partager.
Qu’à cela ne tienne, j’ai de merveilleux souvenirs en tête.
Fin de notre séjour au Lioson
Le temps se gâte encore un peu et l’avis de tempête se précise.
Nous remballons sans trop tarder notre matériel et empaquetons nos bagages. Ensuite, nous prenons un dernier repas ensemble.
Enfin nous redescendons la montagne en luge. Cela me vaudra des fous rires et pas mal d’adrénaline aussi.
… ils sont fous ces suisses mais qu’est-ce qu’ils sont chouettes
Mon binôme et moi-même profitons de cette descente pour faire la course (que je perds inexorablement). Sous la tempête de neige, je reprend ensuite la route vers le plat pays qui est le mien.
Pour résumer mon week-end de plongée sous glace au lac de Lioson :
Ce que j’ai aimé
- Le décor hors du monde et du temps du Lac de Lioson
- Le concept « totale expérience ». La montée en raquettes, les plongées sous glace et également la descente en traîneau
- L’organisation
- Les plongées « illimitées »
- Plonger avec mon matériel personnel
- L’ambiance conviviale du groupe
- La rencontre avec Stéphane, Christophe, Cédric, Sara, Daniel, Philippe et les autres…
- La pression et l’eau chaude dans les douches (ça fait du bien)
- La fondue du samedi soir… délicieuse
- Découvrir les schnaps avec les bernois
- Les rires (le plongeur skieur c’était très drôle)
Ce que j’ai moins aimé (il faut bien trouver quelque chose 🤔)
- Dormir dans les dortoirs (mais ça fait « authentique »)
- Le local plongée qui pourrait surement aussi être organisé différemment à très peu de frais pour optimaliser l’espace
- Les prix suisses des boissons … quand nous ne sommes pas suisses 😉
La Suisse regorge de lacs d’altitude. Quelques uns sont accessibles pour la plongée sous glace en hiver. C’est le cas du refuge du Lac de Lioson.
Je ne peux cacher que j’ai vraiment apprécié l’expérience et que j’espère pouvoir faire partie de l’aventure l’année prochaine de la plongée sous glace au lac de Lioson. Ou ailleurs lors d’une plongée sous glace en France.
Alors, ça vous donne envie ? Dites moi …
Et surtout… n’oubliez pas d’être heureux/heureuse 🤗
Hélène