Foramen ovale perméable et plongée : 3 recommandations à suivre
Foramen ovale perméable et plongée en sécurité
On entend souvent parler du foramen ovale perméable (FOP) en plongée. Potentiel responsable sournois et silencieux de certains accidents de plongée, il est pourtant présent chez environ un tiers des gens selon mon cardiologue. Un quart selon la norme généralement admise.
Si la recherche d’un foramen ovale perméable n’est pas effectuée avant de pratiquer la plongée, c’est souvent par hasard ou plus douloureusement au détour d’un accident de décompression qu’il sera découvert.
Lorsque j’ai commencé la plongée, cette question du foramen ovale perméable m’intriguait. Aujourd’hui, Didier, mon binôme a un foramen ovale perméable. Et pourtant, il plonge depuis 25 ans et de façon régulière.
Voici pourquoi
Qu’est-ce que le foramen ovale perméable?
Pour comprendre, il faut se rendre compte qu’avant la naissance, le cœur fonctionne différemment. En effet, il n’y a pas alors de connexion entre le système sanguin et le système respiratoire. La paroi entre l’oreillette gauche et l’oreillette droite est perméable. Ce n’est qu’à la naissance que cette paroi se ferme ne laissant plus la possibilité pour le sang de passer d’une oreillette à l’autre. Dès lors, le sang dit vicié et le sang chargé en oxygène ne sont pas en contact à cet endroit.
Pourtant, il existe chez environ 25 à 30% de la population une différence de formation dans la paroi entre l’oreillette gauche et droite. Chez le reste de la population la cloison est hermétiquement fermée. Chez les personnes atteinte de FOP, cette cloison est perméable à un degré plus au moins important. Ce degré s’exprime en « grade ».
Pour faire simple, nous pourrions dire que la conséquence du FOP est qu’une partie du sang « vicié » peut retourner dans la grande circulation sans passer par le filtre pulmonaire.
C’est le cas lorsque la pression thoracique augmente. C’est elle qui va permettre l’ouverture de la « valve » entre les deux oreillettes.
Cette augmentation se produit notamment lorsque l’on tousse, éternue, va à selle (eh oui ). Mais également lorsque l’on bloque sa respiration tout en effectuant un effort.
Le foramen ovale perméable, est-ce dangereux ?
Pour le non plongeur, il n’y a pas vraiment de conséquences clairement et fermement établies.
Juste des présomptions d’augmentation du risque d’anévrisme, de migraines etc…
Par contre, chez le plongeur, il en est tout autre. En effet, si une bulle d’azote retourne dans la grande circulation à cause de la perméabilité de la cloison inter auriculaire, au lieu d’être éliminée par le filtre pulmonaire la bulle sera dirigée vers des vaisseaux de plus en plus petit. Le risque pour la bulle d’être bloquée est réel. Cela peut provoquer une maladie de décompression, c’est une potentialité.
Détecter un Foramen ovale perméable
Si le sujet vous angoisse et/ou si vous voulez savoir si vous avez un FOP, votre médecin sera le plus à même de vous conseiller sur l’examen à pratiquer.
On peut tout de même dire qu’il existe plusieurs moyens de détection : échographie trans œsophagienne (ETO), échographie trans thoracique, Doppler carotidien et Doppler cérébral (ces deux derniers détectant la présence de bulles sans nécessairement spécifier d’où elles viennent).
Cependant, le plus précis et fiable reste, selon mon radiologue, d’effectuer une ETO (échographie trans œsophagienne) qui reste un examen invasif et peu agréable.
Le FOP se classe en 3 degrés de gravité : I, II et III selon la quantité de bulles qui passent entre les deux oreillettes.
Au premier degré, aucune adaptation particulière ne doit être faite.
Comment mon binôme à découvert qu’il avait un FOP ?
Didier a été décelé porteur d’un foramen ovale perméable par hasard il y a une vingtaine d’année.
A l’époque, il participait comme « cobaye » à une expérience de DAN en association avec le service d’hyperbarie de l’hôpital militaire à Bruxelles. Un des examens consistait à effectuer une échographie trans œsophagienne pour détecter le foramen ovale perméable.
Etant positif, les examens ont continué par une analyse (scan) du cerveau et différents tests neurologiques.
Le résultat montrait sa positivité mais sans avoir eu de maladie de décompression. L’analyse du cerveau s’est révélée normale et aucun test neurologique positif.
Plonger avec un FOP
Après une longue discussion avec Peter Germonpré, médecin hyperbare et urgentiste à l’hôpital militaire de Neder-Over-Hembeek et responsable de ce département, il a été conclu que ce « problème » de foramen ovale perméable ne devait pas empêcher Didier de plonger. Par contre, la façon de plonger a du être légèrement adaptée.
Le foramen ovale perméable de Didier (degré I) ne nécessitant pas d’autres actions que des actions de prévention. Aujourd’hui, bien des années plus tard, Didier a repassé une échographie pour vérifier si le foramen est resté au même stade, ce qui a été confirmé.
Pour les cas plus importants de foramen ovale perméable (degré II ou III), une opération chirurgicale existe pour refermer le FOP et semblerait bien fonctionner et être bien supportée par le patient, mais…cela reste une intervention chirurgicale avec les risques qu’elle comporte. Vous pouvez découvrir en quoi elle consiste en cliquant sur ce lien.
Précautions à prendre pour les plongeurs atteints de foramen ovale perméable
La première précaution à prendre est de… respecter l’avis médical. En effet, rien ne remplace l’avis du professionnel. Aucun conseil ou autre glané sur le web ne devrait jamais prévaloir sur l’avis du spécialiste !
Une fois que l’on est au clair avec cela, il nous est possible de suivre 3 recommandations pour plonger malgré un FOP :
1. Préparer soigneusement sa plongée
- Éviter les plongées profondes si elles n’offrent pas d’intérêt autre que la recherche de la profondeur. Moins vous serez saturé en azote, moins vous aurez de risque d’avoir des bulles qui passent d’un côté à l’autre. Dans le cas d’un FOP de degré II ou III, interdisez-vous les plongées hors de la courbe de sécurité.
- Limiter le nombre de plongées (par exemple lors d’une croisière de plongée) et éviter si possible les plongées successives.
- Préférer des gaz avec le moins d’azote possible (le NITROX est une excellente alternative pour les plongeurs atteints d’un foramen ovale perméable).
- …
2. Adopter un bon comportement durant la plongée
- Ne pas faire de plongées « yoyo ».
- Ne pas bloquer sa respiration ni pendant ni après une plongée.
- Privilégiez une vitesse de remontée lente jusqu’en surface en respectant le protocole de décompression de votre ordinateur, surtout durant les 10 derniers mètres.
- Ne pas faire de Valsalva à la remontée.
- Faire systématiquement un palier de sécurité dans la zone des 3-5 m d’au moins 5 minutes.
- Ne pas effectuer d’efforts (on vous l’avait bien dit dans cet article).
- …
3. Etre prudent après la plongée
- Ne pas faire d’efforts de quelque nature que ce soit.
- Éviter l’augmentation de pression dans la cage thoracique. Par exemple, en bloquant sa respiration pour se hisser hors de l’eau ou pour porter sa bouteille dans le coffre de sa voiture. Dans ce cas mieux vaut expirer en portant, ou demander de l’aide à une autre personne.
- Augmenter l’intervalle de surface entre les plongées successives, jusqu’à 4 heures si vous avez un FOP de degré II ou III.
- Ne pas faire d’apnée juste après la plongée.
- Eviter de s’exposer à des sources chaudes : bain de soleil, sauna…
- …
Bien sûr, avant, pendant et après la plongée, suivre toutes les autres règles de base de sécurité en plongée : hydratation, repos, …
En conclusion, sauf avis contraire de votre médecin, le foramen ovale perméable ne sera surement pas une contre-indication formelle à la plongée. Par contre, il nécessitera d’adapter votre comportement de plongeur ou plongeuse.
Le foramen ovale perméable, ça vous inquiète ? Vous en avez un ? Vous ne connaissez pas du tout ?
Exprimez-vous sur ce sujet au travers d’un commentaire ci-dessous, je serais ravie d’échanger à ce sujet avec vous.
Et surtout, oubliez pas d’être heureux / heureuse
Hélène
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